L’Internet Society Chapitre Togo a publié un rapport détaillé sur les perturbations d’accès à Internet et aux réseaux sociaux survenues entre le 15 juin et le 3 juillet 2025. Ces interruptions, survenues dans un climat sociopolitique tendu, ont coïncidé avec une série de manifestations à Lomé et dans d’autres villes du pays.
Dès le 26 juin, des mobilisations citoyennes, notamment portées par des jeunes sur TikTok, ont déclenché une série de manifestations, parfois violentes. Dès cette date, des interférences techniques ont été enregistrées sur plusieurs plateformes numériques. Une entorse à la liberté d’expression et l’accès à l’information.

Le rapport est fondé sur des données issues de plateformes indépendantes comme OONI Probe, Google Transparency Report et Cloudflare Radar. Il met en évidence des blocages ciblés. Des interruptions via le protocole TLS (Transport Layer Security), ont été détectées sur les réseaux de YAS, GVA (Canabox) et Moov Africa. Des services comme Facebook, Telegram, Signal, YouTube et le moteur de recherche DuckDuckGo ont été affectés.
Les applications mobiles ont également été affectées, avec des taux d’échec de connexion élevés. 51,35 % pour Signal, 33,89 % pour Telegram, et 19,11 % pour Facebook Messenger.
L’Internet Society Togo alerte sur les effets collatéraux de ces perturbations : limitation de l’accès à l’information et à la communication, frein à la couverture médiatique des événements, et impact sur les activités économiques en ligne, notamment pour les freelances et les services numériques. Cette situation a également renforcé la défiance entre les citoyens et les autorités.
Le rapport formule une série de recommandations pour améliorer la résilience du réseau au Togo. Parmi elles :
- la création d’un observatoire national multipartite de la connectivité ;
- l’adoption d’un cadre légal clair pour encadrer toute interruption d’Internet ;
- le déploiement d’outils de mesure à l’échelle nationale ;
- le soutien aux réseaux communautaires et à l’hébergement local des contenus.
Pour l’Internet Society Togo, ces perturbations traduisent une fragilité systémique à l’heure où les infrastructures numériques sont devenues vitales. L’organisation plaide pour une approche fondée sur la transparence, la consultation et la souveraineté numérique, dans l’intérêt des citoyens comme de l’État.