L’intelligence artificielle (IA) gagne du terrain en Afrique. Des millions de personnes profitent de sa capacité à gagner du temps. Elle les aide notamment à transformer des données brutes en dissertations, en réponses d’examens. Avec un peu plus de travail, elle permet de transformer quelques phrases en images, voire même en vidéos et en podcasts.
D’après les Nations Unies, même dans les pays en développement où l’accès à l’électricité et à l’Internet est limité, le potentiel de l’IA suscite l’enthousiasme, notamment dans le secteur de l’éducation. Cette technologie offre des perspectives prometteuses pour améliorer l’accès à l’apprentissage et la qualité de l’enseignement sur le continent.
L’IA, un vivier d’opportunités pour le secteur éducatif
L’IA peut transformer l’éducation en Afrique de plusieurs manières :
- Apprentissage personnalisé : Des plateformes éducatives basées sur l’IA adaptent le contenu aux besoins spécifiques de chaque élève. Elles favorisent ainsi une progression individualisée.
- Chatbots pour l’aide aux devoirs : Les chatbots alimentés par l’IA peuvent fournir une assistance instantanée aux étudiants. En répondant à leurs questions et en clarifiant des concepts complexes, ils sont une aide précieuse, notamment en dehors des salles de classes.
- Plateformes de tutorat en ligne : Elle facilite la mise en relation des étudiants avec des tuteurs qualifiés. Elle permet ainsi de combler les lacunes éducatives, même dans les régions éloignées.
En Afrique, la course aux outils IA est rude. Plusieurs start-up à travers le continent adaptent ou développent des applications mobiles basées sur l’IA. C’est le cas de chatbots, pour aider les enseignants à enseigner la lecture, l’écriture ou les mathématiques.
Shafika Isaacs est responsable de la technologie et de l’IA à l’UNESCO. Elle affirme que le nombre de start-up africaines EdTech a explosé ces dernières années. Les entrepreneurs expérimentent des outils numériques basés sur l’IA qui pourraient soutenir l’apprentissage et l’enseignement dans de nombreux contextes différents, y compris dans les langues africaines et les dialectes locaux.
« (…) Les startups technologiques ont également envisagé de développer des applications mobiles basées sur l’IA, notamment des chatbots, qui peuvent aider les enseignants à enseigner la lecture et l’écriture ou les mathématiques », a-t-elle ajouté.
Des défis éthiques et pratiques
De nombreux gouvernements africains souhaitent adopter des stratégies nationales d’IA et l’intégrer dans leurs politiques nationales sur les technologies dans l’éducation. En Côte d’Ivoire, elle est déjà largement utilisée dans le secteur privé. Mariatou Koné, la ministre de l’Éducation, déclare que le système éducatif du pays est en pleine transformation, suite à une évaluation de 2022 qui a recommandé une stratégie de numérisation.
Cette ruée vers l’IA et son intégration dans l’éducation africaine, malgré ses avantages, soulève également des problèmes éthiques. Voici quelques-uns.
- Manipulation de l’opinion publique : L’IA peut être utilisée pour créer de fausses informations. Ces fake-news influencent ainsi les perceptions et les décisions des individus.
- Biais algorithmiques : Les systèmes d’IA peuvent reproduire ou amplifier des préjugés existants, entraînant des discriminations involontaires.
- Protection des données personnelles : La collecte et le stockage des données des étudiants soulèvent des préoccupations concernant la confidentialité et la sécurité.
- Fracture numérique : L’accès inégal à la technologie et à Internet peut exacerber les disparités éducatives entre les différentes régions.
La ministre ivoirienne de l’Éducation, Mariatou Koné, a conscience des défis que soulève l’IA dans le secteur éducatif. « Nous avons mis en place des initiatives pour garantir que tout le monde soit conscient de la question de l’IA. (…) Nous sommes toutefois inquiets des dérives potentielles (…)», a-t-elle déclaré.
Par exemple, en République démocratique du Congo, les enseignants constatent que parfois, certains acteurs utilisent parfois l’IA de manière négative pour manipuler l’opinion publique. Cette situation souligne l’importance d’éduquer les gens à faire la différence entre les informations vérifiables et les mensonges.
Créer des solutions IA africaines
Pour que l’Afrique bénéficie pleinement du potentiel de l’IA, il est essentiel de former les jeunes aux métiers liés à cette technologie. Cela leur permettra de participer activement à son développement. Elle permettra également de garantir la création de solutions adaptées aux contextes locaux. Cette solution peut également aider à se prémunir contre les biais.
D’après la ministre ivoirienne Mariatou Koné, pour se prémunir contre les biais, il faut élargir le vivier d’ingénieurs qui construisent des outils d’IA : « Nous avons besoin des bons outils, adaptés au contexte africain, au contexte ivoirien. Nous avons notre propre histoire, notre propre patrimoine. Si nous créons notre propre industrie, il faut qu’elle soit adaptée aux réalités de la Côte d’Ivoire ». Des initiatives, telles que l’introduction de la robotique et du codage dans les programmes scolaires, visent à préparer les étudiants aux défis du futur.
L’IA offre des opportunités significatives pour transformer l’éducation en Afrique. Cependant, une approche équilibrée est nécessaire pour maximiser ses avantages tout en atténuant ses risques.