La censure en ligne est un phénomène qui prend de l’ampleur dans le monde. Afin d’y faire face, le 12 mars marque chaque année, la Journée mondiale contre la censure sur Internet. L’initiative a été lancée en 2008 par Reporters sans frontières et Amnesty International. Cette journée vise à sensibiliser le public aux dangers de la censure en ligne et à promouvoir la liberté d’expression sur le Web.
Coupure ou réduction du débit d’internet, censure des contenus publiés par des médias ou des organismes etc., sont devenus des moyens de pression voire d’oppression politique, économique et sociale. La censure éteint les voix et musèle les débats. Et ceci, dans un monde où Internet est devenu un outil essentiel de communication, d’information et de mobilisation sociale.
La censure en ligne : Un phénomène aux visages multiples
La censure en ligne ne se limite pas aux coupures d’internet ou aux blocages de sites. Des écrans noirs aux algorithmes biaisés, elle se décline en une multitude de formes, souvent insidieuses.
Le premier de ces visages est la censure politique. Certains gouvernements contrôlent ou restreignent l’accès à l’information en ligne pour maintenir leur pouvoir. Par exemple, en 2024, l’Afrique a connu un nombre record de coupures d’Internet. Au moins 21 interruptions ont été enregistrées dans 15 pays, souvent en réponse à des conflits, des manifestations ou des élections .
L’autre visage de la censure est économique. Les entreprises peuvent influencer les contenus en ligne en fonction de leurs intérêts financiers. Ce faisant, ils limitent la diversité des informations disponibles. La Censure sociale ou lynchage numérique est également une autre forme de censure en ligne. Des groupes ou des individus exercent des pressions pour faire taire certaines voix. Leurs moyens d’actions sont entre autres, le harcèlement en ligne ou les campagnes de dénigrement.
Des plateformes en ligne pour leur part se servent de la censure algorithmique. Elles utilisent des algorithmes pour filtrer ou supprimer du contenu. Ce qui peut entraîner une censure involontaire ou biaisée.
Quand censure frappe, démocratie chancelle
La censure en ligne peut avoir des conséquences désastreuses. Elle porte atteinte à la liberté d’expression et au droit à l’information en privant les individus de leur capacité à s’exprimer librement et à accéder à une information diversifiée. Elle constitue également un obstacle à la démocratie et au débat public. Internet offre un espace public de libre expression. Mais, la censure en ligne participe à l’entrave au dialogue ouvert et à la participation citoyenne, essentiels au fonctionnement démocratique.
Ses impacts se font donc ressentir sur les droits humains et les mouvements sociaux. Les activistes et les défenseurs des droits humains sont souvent les cibles de la censure. Elle limite ainsi leur capacité à mobiliser et à sensibiliser. Enfin, la censure en ligne constitue un frein à l’innovation et à la créativité en ligne. Elle peut décourager l’innovation technologique et la création de contenu, appauvrissant ainsi l’écosystème numérique.
Les acteurs de la lutte contre la censure
Face à cette menace, des acteurs du monde entier se mobilisent. Des associations comme Reporters sans frontières, Amnesty International ou l’Electronic Frontier Foundation militent pour la liberté d’expression sur Internet.
Du côté des médias, les journalistes indépendants et blogueurs bravent la censure pour informer et révéler la vérité. En appui à la mobilisation des acteurs engagés, comme les hackers, des outils et technologies de contournement comme les réseaux privés virtuels (VPN) permettent aux utilisateurs de contourner les restrictions d’accès à Internet.
L’Afrique : un terreau fertile à la censure en ligne ?
L’Afrique est un terrain fertile pour la censure en ligne.. Par exemple, en Côte d’Ivoire, les autorités ont lancé une campagne intitulée « Stop aux sorciers numériques » pour lutter contre la désinformation à l’approche de l’élection présidentielle de 2025 . Si l’objectif affiché est de prévenir la propagation de fausses informations, certaines voix s’inquiètent des dérives potentielles vers une censure accrue.
En Tunisie, le régime du président Kaïs Saïed a été accusé de dérives autoritaires, avec des mesures telles que la dissolution du Parlement et des arrestations d’opposants, suscitant des inquiétudes quant à la liberté d’expression et à la tenue d’élections libres .
Par ailleurs, des révélations ont mis en lumière les activités de désinformation que mènent des entités comme le groupe Wagner en Centrafrique, illustrent les défis de la manipulation de l’information en ligne . Ephrem Yalike Ngonzo, journaliste centrafricain de 29 ans, a révélé son implication passée dans des activités de désinformation du groupe Wagner en Centrafrique.
L’action, seule solution contre la cybercensure
Des actions peuvent être menées pour préserver un Internet libre et ouvert. Primo,, un plaidoyer pour des lois protégeant la liberté d’expression en ligne s’impose. Les gouvernements doivent adopter des législations garantissant les droits numériques des citoyens. Secundo, le public peut apporter son appui aux ONG et aux collectifs engagés dans la défense de la liberté en ligne.
Ensuite, la sensibilisation du public aux enjeux de la censure en ligne s’impose. Elle engage d’informer les citoyens sur les dangers de la censure et les encourager à défendre leurs droits numériques. Enfin, l’éducation aux médias et à l’information s’impose. Elle permettra de développer l’esprit critique des utilisateurs face aux informations en ligne contribue à réduire l’impact de la désinformation et de la censure.