
L’Afrique ne peut plus se contenter d’observer la révolution de l’intelligence artificielle. C’est le message fort porté par la Banque africaine de développement (BAD) et Google AI Research. Et ce, lors d’un événement organisé en marge des Assemblées annuelles 2025 du Groupe de la BAD. Les échanges ont porté sur le thème « Comment l’IA soutiendra-t-elle la mise en œuvre de la Stratégie décennale 2024–2033 de la BAD ? ». Des acteurs clés de la tech, du secteur public et du monde de la recherche y ont pris part. Objectif : tracer la voie d’une IA au service du développement inclusif et durable en Afrique.
« L’IA n’est pas un luxe. C’est une nécessité pour la compétitivité et la prospérité à long terme de l’Afrique. », a affirmé Solomon Quaynor, vice-président de la BAD. Lors des discussions, trois priorités ont été mises en avant pour que l’Afrique puisse réellement tirer parti de l’IA :
- Former le capital humain : doter la jeunesse africaine de compétences avancées en intelligence artificielle.
- Investir dans les infrastructures numériques : créer des centres de données locaux, améliorer la connectivité, sécuriser les flux d’information.
- Développer des données locales : alimenter les systèmes d’IA avec des contenus ancrés dans les langues, cultures et réalités africaines.
Un appel à la souveraineté numérique de l’Afrique
Google AI Research, par la voix d’Abdoulaye Diack, a insisté sur le risque pour l’Afrique de rester simple consommatrice si elle ne développe pas ses propres modèles d’IA, contextualisés et inclusifs. Des voix comme celles de Moustapha Cissé (Kera Health), Muthoni Karubiu (Amini) ou encore du ministre ivoirien Ibrahim Kalil Konaté ont plaidé pour une meilleure gouvernance des données, des cadres réglementaires harmonisés à l’échelle régionale et des systèmes d’IA éthiques, conçus pour répondre aux enjeux agricoles, sanitaires ou climatiques.
L’Afrique ne dispose aujourd’hui que de 1,3 % de la capacité mondiale de stockage de données. Ce retard structurel menace sa capacité à participer pleinement à l’économie numérique de demain. « L’investissement dans la jeunesse et les infrastructures n’est plus une option », a rappelé Caroline Kende-Robb, directrice à la BAD.
La BAD et Google appellent à des investissements massifs et coordonnés pour que l’Afrique passe du discours à l’action. C’est ainsi qu’elle pourra devenir un acteur majeur de l’intelligence artificielle à l’échelle mondiale.